Notre Dame de Beauvoir

 

 

Cet article a été construit a partir de documents et des livres de famille, mais aussi du livre "Histoires et chroniques Sorguaises" de l'association des " Etudes Sorguaises".

Toutes les photos sont personnelles. ©fanette84

Petit historique:

La chapelle de Notre Dame de Bellevédére de Beauvoir, (route d'Orange à Sorgues, sur la N7 aujourd'hui) édifice qui remonterait au XIII éme siècle, chapelle construite en 1413 environ. Autour de La Chapelle s'étendait le cimetière des Frères Convers de la Confrérie des Célestins qui travaillaient les terres des moines Célestins.

Plafond des chambres dans la dite Chapelle devenue une habitation.

 

Statue de N.D de Beauvoir. XVIe siècle

 

Le 14 février 1063, Béranger Vicomte d'Avignon avec l'assentiment de son épouse Gisberge et leurs fils, fait don à l'Abbaye de Cluny l'église de la Sainte Trinité située sur le territoire d'Avignon à Pont de Sorgues ainsi que de nombreuses dîmes et pièces de terre qu'il possède dans ce lieu. Cette église cédée par l'aristocratie locale aux moines de Cluny, qui l'ont très certainement reconstruite et transformé en prieuré, est également connue sous le nom de "Notre Dame de Beauvoir".

On dit qu'elle remonterait au XIII siècle. Car à cette époque le prieuré de Pont de Sorgues ( prit le nom de Pons Sorgie, Pons-de-Sorgo en provençal et Pont-de-Sorgue en français) était bien sous le vocable de Notre Dame de belvédère (de Beauvoir), nous dit l'Abbé Clément dans son livre sur l'église Saint-Martial. On ne s'explique donc pas Notre Dame de Belvédère hors les murs, à moins d'admettre qu'elle existait sous un autre nom hors les murs, ou que c'était une ruine d'un temple païen.

 

Le cadran solaire (disparu aujourd'hui) qui était sur une des façades de la chapelle.

 

D'après l'Abbé Clément on ne peut lui donner le titre de Notre Dame de Beauvoir qu'au XV éme siècle, quand le Prieuré de Pont de Sorgues prit celui de la Trinité. A cette époque les religieux de ST Martial voulant d'un côté le titulaire de leur prieuré et voulant aussi conserver à la piété des habitants de Notre Dame de Belvédère, la transportèrent à la place qu'elle occupa jusqu'à la révolution de 1789, c'est à dire au nord du village, sur la grande route. Les habitants ont toujours eu une grande dévotion à Notre Dame de Belvédère et de nombreuses processions y étaient organisées...

L'une de ces processions, qui eut lieu le 8 septembre 1793, resta longtemps dans les mémoires... Car elle fût tout à fait inhabituelle! Les faits se déroulaient donc quelques années après la révolution qui avait non seulement mis un terme à la monarchie mais également transformé profondément les us et coutumes dans cette région du Comtat très marquée par son passé papal. Outre la monarchie, la révolution entendait vaincre l'influence du clergé et tous les moyens en étaient bons. C'est dans le village de Sorgues que naquit donc un soir, entre quelques révolutionnaires "exaltés", autour d'un verre, un plan visant à dégoûter les Sorguais des superstitions en croyances encore fortement ancrées. S'étant assurés de la participation active d'une certaine Marie, jeune femme aux m�urs plus que légères, ils mirent eu point une procession burlesque qui prit son départ à la chapelle de ND de Beauvoir. Après avoir invité les Sorguais à se rendre à la chapelle, ils mirent en route LEUR procession.. Elle se composait d'eux mêmes, curieusement accoutrés, ainsi que de la jeune femme dans le plus simple appareil juchée sur un âne grimé en prêtre!! "Peuple, prosterne toi, car voilà Notre Dame. Elle n'est ni de bois, ni de marbre, mais de cher et d'os comme nous tous!" criaient tout au long du cortège les 8 thuriféraires! (porteurs d'encens)

Inutile de préciser que cet étrange et grotesque équipage qui a ensuite traversé tout le village (alors même que la "notre Dame" des révolutionnaires s'exhibait dans des poses plus que suggestives) et même pénétré dans l'église, suivi par une foule riant à gorge déployée (et quelques femmes outrées qui emmenèrent leurs maris loin de ce spectacle) ne passa pas inaperçu...

Puis avec les années, l'ancienne Chapelle de N.D de Beauvoir a été transformée en maison d'habitation appartenant à M Durand.

Puis, en 1902, après de nombreuses transformations, une ancienne famille Sorguaise, la famille B... devint propriétaire de "l'ancienne Chapelle" transformée en maison d'habitation depuis déjà bien longtemps. Voir le photo dessous

Maison (dessus et dessous) telle qu'elle était avant.

 

Pour ceux et celles qui se souviennent comment était la maison, il y à plusieurs années et aujourd'hui complétement différente. Maintenant tout cela a été transformé en locaux commerciaux. Un peu plus loin, un restaurant, une pizzéria et une grande surface avec un grand parking à vue le jour. Dommage que la ville de Sorgues n' ait pas pris l'initiative de conserver cette Chapelle. Pourtant partie intégrante patrimoine de la ville, depuis plus de 700 ans au moment où les anciens propriétaires l'ont vendue.

Quasiment plus rien ne rappelle l'ancienne vocation de cette Chapelle puisqu'elle fût une habitation. Juste l'abside que nous voyons de la route d'Orange, nous le rappelle.

Aujourd'hui (2010) de l'Abside est partiellement visible de la route d'Orange, enclavée dans une construction plus récente. Anciennement "Chapelle de N.D de Beauvoir", puis habitation et ensuite transformée en locaux commerciaux aujourd'hui. Quel triste sort.

 

Voici quelques photos perso de 2010

 

 

 

A l'époque de l'habitation, cette pièce était un bureau.

A la place de la route, c'était une grande cour fermée avec un grand portail. Et au milieu un très vieux et gros platane qui faisait de l'ombre. Aujourd'hui disparu. :-(

A l'origine, cette porte donnait dans une salle à manger de la maison. Les chambres au dessus.

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 photo sorgues.jpg

L'ancienne Chapelle devenue une maison d'habitation avec les années. Dessiné de mémoire à partir de souvenirs.... Donc avec des erreurs par rapport à la réalité !

J'ai moi-même à cette époque gardé de très bons souvenirs de cette maison pour y avoir passé des moments heureux pendant des années.

 

J'ai créé cet article pour 2 raisons:

1) En mémoire des 4 générations (Famille B) qui ont vécu très longtemps dans cette maison depuis 1902. Jusqu'à la vente de celle-ci.

2) Et aussi pour garder en souvenir, une trace, un document de cette "Chapelle Notre Dame de Bellevédère de Beauvoir" de Sorgues, Chapelle originelle qui "n'existe plus vraiment" de nos jours telle qu'elle était à l'origine. Très peu de documents existent sur la Chapelle de Sorgues. Seul l'Abside que nous voyons de la route d'Orange nous la rappelle aujourd'hui. 

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Pour compléter cet article, voici le témoignage de mon époux qui a grandi dans cette maison. Et aussi moi-même vécu des moments très heureux dans cette maison. Un grand merci à lui pour avoir mis sur papier un petit morceau de sa vie.

 

J'ai habité durant près de 15 ans dans cette maison" historique " et avec le recul, je pense que ça a vraiment été une chance extraordinaire. 

C'était un "ensemble immobilier" très particulier, très marqué par la longue histoire et les divers usages qui en avaient été faits. Il y avait, le bâtiment principal qui était en fait la chapelle originelle et avait été moult fois transformée ,  et de nombreux bâtiments industriels qui avaient eux même été installés dans des bâtiments très anciens.
En effet, cette "maison" était aussi le siège des Ets B... Père et Fils, une entreprise de récupération des métaux et de levage et manutention. 

On trouvait donc, outre la maison principale à laquelle avait été ajouté un appendice servant de bureau, des entrepôts, des garages et divers anciens locaux... 

Il y avait tout autour de la maison proprement dite ,  qui se refermait tout autour d'une grande cour centrale, de grands terrains qui étaient utilisés à l'activité industrielle et sur lesquels étaient entreposés des mètres cubes de vieilles ferrailles garés ou entretenus de multiples engins, camions et grues.
Inutile de préciser que tout cela constituait un terrain de jeu et d'aventures on ne peut plus extraordinaire pour les enfants et ados que nous étions  (et on ne peut plus dangereux!!... Ah si nos parents avaient su vraiment tout ce que nous faisions...). Quel plaisir de jouer les explorateurs en allant visiter ces vieux hangars poussiéreux, véritables cavernes d'Ali Baba   dans lesquels nous trouvions toutes sortes choses, de bric à brac, ou de pousser la porte vermoulue de recoins, greniers et soupentes dont certains n'avaient pas été ouverts depuis des dizaines d'années...
On y trouvait bien entendu des araignées et des souris, mais aussi toutes sortes de choses et d'objets anciens, des vieux papiers, des outils, des pupitres d'écoliers, de vieux vêtements qui nous émerveillaient et donnaient l'occasion de nouveaux jeux... On revivait les aventures de 20 000 lieues sous les mers ou on construisait des cabanes et bien d'autres choses...
 
Mais revenons à la maison et plus précisément sur l'ancienne chapelle. Elle avait été construite, il y à très longtemps, un peu à l'écart du village qui à l'époque ne devait pas être bien grand, de l'autre côté du fameux "pont de Sorgo".
C'était donc une très ancienne bâtisse qui avait abrité les religieux. Il y a plusieurs siècles avec leurs terres agricoles et un cimetière.
Puis, abandonnée de son activité originelle, elle a subi, au fil du temps et des différents propriétaires, diverses transformations et a même été utilisée au XIX siècle (à partir de 1852 environ, jusqu'à la fin du siècle) comme usine de gaz riche pour l'éclairage municipal, avec ses fours et ses gazomètres! La propriété avait d'ailleurs gardé les stigmates de ces anciennes activités... (Je n'ai pas retrouvé de documents sur cette usine à Gaz hormis un article dans la 7éme publication des "Etudes Sorguaises").
 
A l'origine, il y avait seulement la chapelle proprement dite, une écurie et quelques dépendances attenantes.

La chapelle avait été transformée, probablement au XIXéme siècle (mais je n'ai pas beaucoup d'informations sur l'histoire) en maison d'habitation comprenant 3 logements. Mes arrières grands-parents qui en étaient propriétaires en occupaient le plus grand, mes grands-parents en occupaient un autre et ma famille et moi-même le troisième logement.
 
De notre côté, les particularités de cette maison nous apparaissait au niveau de l'épaisseur des murs mais surtout dans la salle de bains située ...  dans l'ancienne abside ! (Que nous voyons extérieurement de la route encore aujourd'hui.)
Nous avions, sans vraiment nous en rendre compte, le grand "honneur et privilège" de faire notre toilette à la place du choeur et de l'Autel sous un plafond voûté et comportant encore les traces des anciennes fresques (un ciel bleu étoilé) !!!

Dans l'appartement de nos arrières grands-parents, c'était encore plus extraordinaire ! Au rez-de-chaussée, les pièces qui étaient en enfilade (correspondant à la nef) étaient entièrement voûtées  et les murs atteignaient une épaisseur de près de 2 mètres ! Je me souviens d'un petit coin sous les escaliers où nous aimions bien aller fouiner étant enfants... Non seulement c'est là que notre mémé rangeait quelques provisions... que nous "picorions" bien volontiers... Mais il y avait surtout là, une petite ouverture très étonnante.  C'était une petite fenêtre donnant sur l'extérieur, de petites dimensions (environ 30 ou 40 cm de côté). Du coup ça faisait comme une espèce de petit "tunnel" de près de 2 mètres de long. ... Comme dans les Châteaux forts ! Encore une bonne occasion de se prendre pour un archer décochant quelques flèches par la meurtrière...  

A l'étage les chambres étaient très .... Hautes de plafonds et comme on le voit sur les photos, elles étaient ornées d'ogives croisées...
 
Aujourd'hui tout cela a été profondément transformé et ... Pas vraiment en bien.
A la disparition de mes aïeux, la propriété a changé de propriétaires. Le grand terrain à l'arrière de la maison sur lequel étaient stockées les ferrailles est maintenant recouvert par la déviation. Les bâtiments industriels anciens (qui étaient en fort mauvais état) ont été abattus, (ça nous ne le regrettons pas), et l'ancienne chapelle a été partiellement rénovée et... transformée en restaurant et ça, c'est bien regrettable.  
Il est vraiment triste que personne ne se soit penché sur le sort de cette bâtisse pluri-centenaire et qui aurait certainement mérité d'être classée.

Pis encore, sur ce qui était la cour, ornée d'un immense et vieux platane, se trouve maintenant une supérette et un grand parking qui ont fini de défigurer la chapelle. Certes quand elle n'était devenue qu'une partie d'un ensemble industriel, elle y avait perdu son charme et sa valeur historique, mais il est dommage que justement cette valeur n'ait pas été réhabilitée à l'occasion de ces grands changements.

Les anecdotes: 

J'ai entendu parler d'une anecdote que je n'ai pu dater... C'est l'accident d'un camion. En effet, cette maison est située au ras de la RN7... Un jour on m'a rapporté qu'un camion avait perdu sa remorque et que celle-ci était venue percuter la maison et que le timon c'était retrouvé au milieu de
la cuisine !!

J'ai pu également retrouver dans la presse la confirmation d'une autre anecdote qui m'avait été rapportée... Vers la fin des années 50 lors de travaux effectués dans la maison un squelette humain avait été trouvé, emmuré derrière un escalier! Je n'ai pu trouver plus de précisions sur cette découverte, mais il est probable que cette dépouille datait de très longtemps malgré un très bon état de conservation. Il faut dire qu'un cimetière se trouvait à l'origine juste à côté de la chapelle et... lorsque des travaux étaient effectués dans la cour, il n'était pas rare de mettre à jour des débris de crânes ou d'ossements vieux probablement de plusieurs siècles... Aujourd'hui, peu de clients du restaurant ne se doutent maintenant qu'ils déjeunent dans une chapelle de plus de 7 siècles ou qu'ils font leurs courses sur un ancien cimetière ou encore sur les ruines d'une ancienne usine à gaz !!... Cette chapelle a vu aussi durant sa longue histoire, le passage de processions religieuses, puis de différentes armées tout au long des divers conflits, des véhicules militaires ou non, des camions car la route qui passe juste devant est un des axes majeurs de circulations nord-sud, la RN7.
 
 
 
 
 

 

 

 



11/06/2020
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